Recharger un ou plusieurs téléphones, une tablette ou un ordinateur portable en les posant simplement sur un fin plateau : c’est l’ingénieuse innovation d’EnergySquare, une jeune pousse française repérée sur la plateforme EDF Pulse & You. Sans fil et sans induction, comment font-ils ? Timothée Le Quesne, cofondateur et dirigeant d’EnergySquare, nous explique le principe, présenté comme universel et qui sera en partie disponible en open-source.
Qu’ont en commun nos smartphones, ordinateurs portables, tablettes tactiles ? Ils passent en général beaucoup de temps posés sur un bureau, un meuble, une table… « Nous voulions trouver un moyen de capitaliser sur le temps que nos smartphones et tablettes passent posés sur une surface plate », explique Timothée Le Quesne, patron d’EnergySquare. Avec un de ses camarades de promotion de Télécom ParisTech, il s’est attelé à développer une solution de charge sans fil différente des systèmes par induction qui sont aujourd’hui les plus répandus. « Nous cherchions à offrir une source d’énergie disponible partout, pour ne pas avoir à penser à charger ses appareils », poursuit le jeune dirigeant.
Ainsi est née la solution EnergySquare. Elle se présente sous la forme d’une bande autocollante à plaquer à l’arrière d’un smartphone ou d’une tablette et qui se branche à la prise physique de l’appareil : micro USB pour les terminaux Android, Lightning pour les iPhone et iPad et même le nouveau standard USB-C. À chacune des deux extrémités de l’autocollant, un contacteur. Ce sont eux qui permettent la charge dès que l’appareil est posé sur un plateau branché au secteur. Mesurant 30 x 30 centimètres, il ressemble un peu à un échiquier ultra plat composé de petites dalles conductrices. Lorsque les électrodes de l’autocollant sont en contact simultané avec deux dalles, la charge s’enclenche automatiquement.
Bande autocollante en vidéo : https://youtu.be/z70430kncjI
EnergySquare est aussi efficace qu’un chargeur filaire
« Tant qu’il n’y a pas de batterie détectée, la surface du plateau reste inerte, précise Timothée Le Quesne. On peut poser ce que l’on veut dessus, il n’y a aucun danger. » D’après EnergySquare, son système serait aussi efficace qu’un chargeur filaire. Selon les dimensions, il est possible de recharger trois à quatre smartphones en même temps et à la même vitesse.
L’autocollant a été pensé pour être personnalisé avec des formes et des couleurs. « Il peut même faire office de support de communication pour des marques », nous glisse notre interlocuteur. Sa durée de vie maximale est de quatre à cinq mois et le coût unitaire inférieur à un euro. EnergySquare a déjà vendu 15.000 unités en précommandes lors de sa campagne de financement sur KickStarter. Disponible à partir de l’année prochaine, un kit comprenant cinq autocollants et un plateau de charge coutera environ 60 euros. Comme il nous l’explique dans la suite de cet entretien, Timothée Le Quesne ambitionne de faire d’EnergySquare un standard pour la charge sans fil des appareils connectés. Et il a un plan pour y parvenir…
Qu’apporte votre solution par rapport aux systèmes de charge sans fil existants ?
Timothèe Le Quesne : Contrairement à la plupart des chargeurs sans fil du marché, EnergySquare ne fonctionne pas par induction mais par conduction. Notre technologie ne dégage aucune onde électromagnétique, elle n’entraîne pas de perte de courant ni de vitesse de charge. J’ajoute que l’induction nécessite un positionnement précis du terminal pour que la charge puisse s’enclencher, ce qui n’est pas le cas de notre solution.
Peut-on utiliser votre système avec une coque ? Serait-il envisageable d’intégrer le dispositif directement dans le smartphone ?
Les deux connecteurs présents sur les autocollants doivent être en contact direct avec le plateau de charge. Le système ne peut donc pas fonctionner sous une coque de smartphone, mais nous travaillons sur des coques avec connecteurs incorporés. Par ailleurs, une intégration d’EnergySquare dans les terminaux est tout à fait envisageable puisque nous diffusons une partie de notre technologie en open-source.
Pourquoi avoir opté pour la publication open-source ?
Nous voulons ériger EnergySquare en standard de recharge pour la plupart des appareils connectés. Pour ce faire, il fallait qu’une partie de notre produit soit libre. Nous avons choisi de mettre à disposition en licence open-source gratuite tout ce qui concerne les autocollants. N’importe qui peut adapter la technologie pour l’intégrer dans ses appareils.
Ainsi, nous espérons voir émerger un écosystème qui aille au-delà des smartphones et tablettes. Notre prochaine priorité sera les ordinateurs portables, mais nous pensons aussi aux drones, avec des stations de charge automatiques, ou encore aux enceintes nomades sans fil. En ce qui concerne le plateau de charge, nous travaillons à son intégration directement dans certains meubles. Imaginez, par exemple, une salle de réunion avec en face de chaque siège une surface de charge EnergySquare sur laquelle on pourrait venir poser ordinateur portable, tablette et smartphone. Finies les multiprises et les rallonges encombrantes et inesthétiques !
Où en êtes-vous dans votre projet et son financement ?
Nous avons mené une campagne de financement participatif sur la plateforme KickStarter qui nous a permis de lever 95.000 euros sur un objectif initial de 30.000 euros. Ces fonds vont nous servir à lancer la phase d’industrialisation de notre produit dont les précommandes seront livrées en fin d’année à nos clients KickStarter avant une commercialisation grand public début 2017.
Par ailleurs, nous avons reçu un soutien financier de la Banque Publique d’Investissement et de Numa Sprint. Et je tiens à signaler l’aide que nous a apportée EDF depuis le début de notre projet. Ils nous ont permis d’installer des prototypes dans plusieurs de leurs boutiques afin de tester le concept. Un partenariat d’expérimentation que nous avons prolongé sur la plateforme EDF Pulse & You [plateforme en ligne communautaire ouverte à tous qui met en relation directe des créateurs de projets innovants et des internautes qui peuvent faire part de leurs suggestions, NDLR] et qui nous a donné un précieux coup de pouce.
Source : www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/